Dès le début de la pandémie, tous les professionnels de la santé comprirent rapidement que leur monde professionnel allait être complètement chamboulé. Certaines spécialités médicales furent propulsées au coeur de la gestion de la crise. Nos ORL et pneumologues chez Dorma partirent pour le front laissant derrière eux la seconde ligne, non moins essentielle, dont le Dr René Caissie, spécialiste en chirurgie maxillo-faciale et fondateur de l’entreprise, faisait partie.
Une fois les services virtuels organisés pour notre clientèle, nous avons songé au moyen le plus efficace de contribuer à l’effort de guerre. Le combat contre le SARS-Cov-2 était bien mené, mais rapidement un deuxième front, que peu de gens avaient vu venir, s’ouvrit, celui du manque d’équipement de protection individuel (EPI) pour nos médecins, infirmières et préposés.
La guerre des masques.
Les procédures électives furent cessées non pas par manque de lit ou de ressources, mais pour préserver les EPI. Il ne restait que quelques jours de fournitures en stock et la situation était encore plus critique dans certains états américains. Les gouvernements du monde entier s’arrachaient cette précieuse ressource et chaque pays comprit qu’il ne pourrait désormais se fier qu’à lui-même. C’est dans ce contexte que l’équipe de Dorma développa une première version d’un prototype de cagoule médicale en contemplant l’idée de la fabriquer à grande échelle et ce, entièrement au Québec.
Formation d’un premier trio
Le Dr Caissie entra en contact avec la compagnie CCM Hockey qui fut emballée par l’idée. Dans un délai de 48 heures, le prototype fut redessiné puis mis en production à leur usine de Saint-Jean-sur-Richelieu en quantité suffisante pour effectuer les épreuves en laboratoire.
Les médecins de l’équipe Dorma, furent contactés et mis à contribution. Les premiers tests démontrèrent une protection au moins équivalente aux masques N95. Des collègues anesthésistes offrirent de vérifier le soir même l’accumulation de CO2 sous la cagoule en la portant au bloc opératoire sous capnographie. Bien que la protection fournie par l’équipement eut été excellente, les tests de capnographie démontrèrent une accumulation relativement rapide proscrivant le port au-delà de 15-20 minutes en continu. Les professionnels aux unités de soins intensifs ne pouvant interrompre leurs activités à une telle fréquence, le concept devenait inutilisable.
Ce fut donc un retour à la planche à dessin pour le Dr Caissie et l’équipe de Dorma qui entra en contact avec une compagnie de Saint-Hubert spécialisée dans la filtration de l’air, Industrie Orkan. M Simon Labrecque, président de l’entreprise, ne se fit pas prier pour joindre l’équipe, le premier trio était complet, le vrai travail commençait.
Un travail d’équipe où l’expression faire flèche de tout bois prend tout son sens.
Il fallait trouver un moyen d’évacuer le CO2 efficacement et les experts chez Orkan proposèrent un système de ventilation qui serait porté à la ceinture du médecin. L’aération générerait par le fait même une pression positive à l’intérieur de la cagoule ce qui améliorerait potentiellement sa performance en regard de son pouvoir de protection.
Un design fut proposé et la disponibilité des différentes composantes vérifiée. Certaines pièces de support furent dessinées et imprimées à l’aide de l’imprimante Form3 que nous utilisons habituellement pour des applications dentaires dans nos cliniques de chirurgie maxillo-faciale. Quelques prototypes furent mis en production et assemblés pour une autre seconde série de tests. Un élément manquait toutefois, une source d’air respirable pouvant être transportée à l’intérieur du laboratoire pour ne pas perturber le résultat. Après un appel au député provincial local et les pompiers venaient nous livrer deux bonbonnes d’air comprimé dans l’heure. L’entraide et la collaboration à son zénith.
Un peu de théorie. Le concept prend forme.
L’équipe de Dorma se retrouve retourne donc en laboratoire le jour deux jours plus tard. Cette deuxième série de tests démontra une impressionnante capacité de protection de la nouvelle cagoule avec un facteur de protection caractéristique (FPC) de 100. Le FPC est le rapport entre la concentration du contaminant à l’extérieur du masque et sa concentration à l’intérieur. Par comparaison, un masque N95 offre un FPC de 10 laissant passer au plus 5% des particules de 0.3 micron de diamètre. Or le SARS-Cov-2 est très petit avec un diamètre variant entre 0.05 et 0.15 micron. Le dispositif permettrait donc de protéger efficacement les professionnels lors de procédures générant des bioaérosols dont les procédures ORL diverses, les manipulations des voies respiratoires et les interventions dentaires.
Mais la quantité de bioaérosols générés par certaines procédures est telle qu’il est à notre avis préférable de les éliminer, dans la mesure du possible, à la source. Avec l’aide de nos partenaires chez Industrie Orkan, nous avons donc installé, dans 3 cliniques dentaires, un premier modèle d’aspiration à haut débit avec filtration HEPA et ventilation à pression négative. La sortie d’air extérieure permet d’évacuer l’air contaminé préalablement filtré. Une entrée d’air, aussi extérieure, permet la circulation dans la cagoule via une unité de moindre débit. Une unité similaire sera offerte par Dorma à l’Hôpital Sacré-Cœur.
La partie se joue, mais quand pourrons-nous chausser les patins?
La première période est à peine entamée et la partie sera longue et ardue. Plusieurs pans de l’économie se verront graduellement accorder du lest au cours des prochaines semaines, mais le problème des bioaérosols demeurera entier, notamment pour la profession dentaire.
Chez Dorma, nous continuerons de perfectionner notre concept pour permettre à nos collègues médecins et dentistes de pratiquer en toute sécurité pour eux et leurs patients en minimisant les contraintes. Nous interpellerons nos ordres professionnels et leur offrirons notre aide dans l’établissement de nouvelles normes de pratiques basées sur les évidences scientifiques, et ce dans les meilleurs délais. Nous continuerons d’innover et offrirons d’autres solutions comme le masque DormaFit imprimé en matière mixte rigide/souple à partir d’un scan de surface du visage dans lequel une protection N100 peut être intégrée. Cette technologie, initialement développée pour nos patients atteints d’apnée du sommeil, offre un confort et un scellement inégalé même lorsque porté durant plusieurs heures consécutives.
Malgré la crise, ces deux dernières semaines furent pour nous une expérience incroyable. De merveilleuses rencontre de gens extrêmement compétents dans leur domaine respectif dans un esprit de candeur et de générosité. Merci à tous pour vos encouragements et votre support.
L’Équipe Dorma Soins du Sommeil.